Architecte: pensez valeur, pas uniquement diagrammes
10 erreurs classiques à éviter pour bâtir des fondations solides (et utiles)
Le métier d’architecte est passionnant. Mais c’est aussi un rôle exigeant, situé à la croisée de la technologie, des processus d’affaires, des humains et des données.
Et comme tout métier complexe, les erreurs des débuts peuvent laisser des traces durables.
Avec le temps, certains pièges reviennent souvent. Les repérer, c’est déjà faire un pas vers une architecture plus claire, plus efficace, et plus respectée.
1. Croire que tout repose sur la technologie
Le réflexe : “Je dois maîtriser AWS, Microsoft, Snowflake, Databricks, Kafka, Terraform…”
Le problème : tu oublies la finalité : la valeur métier. Tu construis un système, pas un parc technologique. C’est comme choisir la perceuse avant de savoir si tu construis une cabane ou une tour.
À faire : commence par comprendre les objectifs d’affaires, les contraintes, le contexte et l’archietcture cible. La techno vient ensuite.
2. Ignorer la gouvernance et la sécurité
Erreur fréquente : penser que c’est le travail d’une autre équipe.
Risque : créer une architecture inutilisable pour des raisons de conformité ou de sécurité.
Imaginons un pipeline rapide mais sans gestion des accès ? Impossible à mettre en production dans une organisation soumise au RGPD.
À faire : intègre dès le départ la gestion des accès, la qualité, la traçabilité, et les règles de conformité.
3. Ne pas parler aux utilisateurs finaux
Le piège : construire une architecture “parfaite”... mais inutilisée.
Pourquoi ? Tu n’as pas écouté les vrais besoins des utilisateurs (analystes d’affaires, data scientists, la ligne d’affaire…).
Ceci est comme si tu as mis un jacuzzi dans un camping alors que les clients voulaient juste de l’électricité.
À faire : va à leur rencontre, découvre leurs irritants quotidiens, et ajuste l’architecture pour qu’elle serve des usages réels.
“Design is not just what it looks like and feels like. Design is how it works.”
— Steve Jobs
4. Trop complexifier la modélisation
Imagine quelqu’un qui a construit un moteur de Formule 1 pour une voiture de livraison Uber Eats.
Le réflexe : viser la perfection théorique.
Résultat : Personne ne comprend ni n’ose toucher ton modèle.
À faire : pratique le just enough modeling. Simplicité, lisibilité, efficacité.
“There is no such thing as the best architecture—only architectures that fit the context.”
— Mark Richards & Neal Ford, Fundamentals of Software Architecture
5. Remettre la documentation à plus tard
Mythe courant : “Je documenterai après la livraison.”
Mais : "après", ça n’existe pas. Et quand tu n’es plus là, ton architecture devient un casse-tête, et plus personne ne comprend l’ordre des étapes, ou même l’emplacement des données sensibles.
À faire : documente au fil du temps : schémas simples, glossaire, cas d’usage. Et partage avec l’équipe.
“The only thing worse than no documentation is outdated documentation.”
— Unknown
6. Croire qu’un diagramme = une mission accomplie
Tu livres un superbe diagramme d’architecture, mais aucune équipe ne l’utilise, car il n’est ni adapté ni contextualisé.
Erreur classique : confondre livraison et impact.
À faire : pense en valeur créée : réduction des erreurs, gain de temps, meilleure accessibilité, meilleure gouvernance…
“Architecture is not about the diagrams you draw, but the outcomes you enable.”
— Modern Software Architect
7. Vouloir tout contrôler
Intention : garder la cohérence.
Effet secondaire : tu deviens un goulot d’étranglement.
Tu es urbaniste, pas maître d’œuvre. Tu définis les règles du jeu, mais tu ne poses pas chaque brique.
À faire : mets en place des standards, des bonnes pratiques, et fais confiance aux équipes de livraisons pour livrer dans le cadre.
8. Se faire des ennemis… sans le vouloir
Le piège : imposer ses vues au nom de “la bonne architecture”, sans prendre en compte les contraintes, les sensibilités ou les dynamiques d’équipe.
Pourquoi c’est un problème ?
Une bonne idée mal amenée devient un point de friction. Même la meilleure architecture a besoin d’alliés pour vivre et évoluer. Si tu deviens “celui qui bloque tout”, tu perdras ton pouvoir d’influence.
C’est comme vouloir refaire le plan d’une maison… sans écouter ni l’ingénieur, ni le maçon, ni l’habitant.
À faire :
Cherche à comprendre avant de convaincre.
Négocie avec diplomatie.
Bâtis la confiance au fil du temps.
Et surtout, évite de “corriger” quelqu’un en public (même si tu as raison).
“Les architectes les plus respectés ne sont pas ceux qui imposent, mais ceux à qui l’on vient demander conseil.”
9. Sous-estimer l’évolution du contexte
Erreur fréquente : concevoir une architecture figée dans le marbre, comme si les besoins, les équipes ou les technos n’allaient jamais changer.
À faire : anticipe les changements : montée en charge, nouvelles équipes, acquisitions, cloud… L’architecture doit respirer, pas étouffer.
“Une bonne architecture n’est pas stable. Elle est stable dans le changement.”
10. Ne pas cadrer les demandes floues
Dire oui trop vite à une “petite modif” est un erreur fatale.
Tu te retrouves avec un changement qui affecte plusieurs domaines, un modèle central et deux pipelines critiques.
À faire : apprends à dire non avec méthode. Reformule, challenge, pose des conditions. Tu n’es pas là pour dire “oui”, tu es là pour construire le durable.
“Chaque demande non cadrée est une dette en puissance.”
En conclusion
Un(e) architecte de données efficace n’est pas celui/celle qui produit les plus beaux diagrammes. C’est celui/celle qui comprend les besoins, facilite les échanges, et crée un environnement durable pour les équipes.
Pensez valeur, pas diagrammes.
C’est la clé pour bâtir une architecture qui résiste au temps, aux projets, et aux buzzwords.
Avertissement
Rédigé en dehors de tout cadre professionnel, cet article est une contribution personnelle à la réflexion collective sur l’architecture. Il reflète une réflexion personnelle basée sur des lectures et observations générales. Aucun lien ne doit être fait avec des projets ou entreprises spécifiques. Les opinions exprimées sont strictement personnelles.
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